Salat
25 février 2016

La multiplication de l'adhan

بسم الله الرحمن الرحيم
الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

As salamu ‘alaykum, en espérant que cette question vous trouve dans un bon état. J’ai rémarqué lors d’un voyage au Maroc le fait que, pendant la Jumu’ah, plusieurs muezzins se succédaient et faisaient l’adhan à tour de rôle. Cet acte est-il légiféré ? Qu’en dit le fiqh malikite ?

Réponse :

Wa ‘alaykumus salam, qu’Allah vous accorde la santé et le bien-être spirituel à vous aussi.

Le fait qu’il y ait plusieurs mu’addhin qui se succèdent en faisant l’adhan à tour de rôle pendant la jumu’ah et ce, juste après la montée de l’imam sur le minbar et avant la khutbah, est un acte légiféré dans l’Islam qui fait partie des traditions de la ummah mais qui est malheureusement délaissé ou ignoré à notre époque. Quant au fiqh des maîtres malikis, il accepte cette répétition de l’adhan et l’encourage comme cela se voit dans de nombreux pays malikis, à l’exemple du Maroc. Cette action est tirée de la sunnah des gens de Madinah et a été instaurée par les khulafa’ du prophèteﷺ .

En effet, dans le long hadith sur le verset de la lapidation :

« Quand les mu’adhhinun se turent, ‘Umar s’assit sur le minbar… » [1].

Le mot qui est utilisé est « mu’adhhinun » et est donc au pluriel. Or, en arabe, le pluriel ne commence qu’à partir du nombre trois. Donc, on comprend qu’aux temps de sayyiduna ‘Umar, il y avait au moins trois adhan différents quand l’imam montait sur le minbar lors de la jumu’ah. Il ne faut pas confondre ces adhan faits avant le début de la khutbah avec celui qui a été rajouté par sayyiduna ‘Uthman, qui se fait au zénith du soleil, avant l’heure de la jumu’ah. Il apparaît donc que multiplier le adhan au moment de la khutbah est une sunnah bien établie des khulafa’ du prophète ﷺ.

De sorte, accomplir l’adhan de cette manière a recueilli l’assentiment des savants de l’école de Madinah.

Il est dit dans al Mudawwanah :

« J’ai demandé (c’est-à-dire Sahnun) à Ibn al Qasim : « que dis-tu du fait qu’une mosquée d’une tribu prenne deux mu’addhin ou trois ou quatre, est-ce que cela est autorisé ? ». Il dit : « Je ne vois pas de problème à cela ». Je dis alors : « l’as –tu entendu de Malik ? » Il dit : « Oui, il n’y a pas de problème à cela. Malik fut interrogé sur des gens en voyage ou qui se trouvent dans une mosquée de passage ou dans un moyen de transport et que deux ou trois personnes leur fassent l’adhan . Il dit « il n’y a pas de problème à cela » [2].

Ibn Habib a dit : « J’ai vu à al Madinah treize mu’addhin, ainsi qu’à Makkah. Ils faisaient l’adhan ensemble aux piliers de la mosquée, sans qu’aucun d’entre eux ne suive son compagnon. Quant au fait de faire l’adhan l’un après l’autre comme cela se fait dans notre pays (l’Andalousie), il n’y a pas de mal à cela. » [3].

En réalité, dans l’école malikie, le fait de multiplier l’adhan de cette manière n’est pas spécifique à la jumu’ah. Cela peut se faire à toutes les prières comportant un adhan, sauf à la prière de maghrib du fait de son temps court. Ensuite, les malikis permettent aussi, en plus de faire succéder les adhan, de les faire en groupe et en même temps.

Le chaykh Khalil ibn Ishaq dit dans son célèbre Mukhtasar :

« ..(de même il est permis) sa multiplication, leur succession sauf pour le maghrib et leur regroupement, chacun à son adhan ».

Le shaykh ‘Illish al Malikiy commente ce passage : « Est permise [sa multiplication] c’est-à-dire du mu’addhin de sorte qu’il ait plusieurs adhan, que ce soit dans une mosquée ou autre, en résidence ou en voyage. Il est aussi possible que l’adjectif possessif fasse référence à l’adhan mais dans ce cas, les adhan devront être faits dans plusieurs endroits dans la mosquée ou autour des piliers de la mosquée. La multiplication dans un même endroit est détestée comme l’a rappelé Sanad [4] parce que cela dérange l’auditeur. [Et] est permise [leur succession] de sorte que les mu’adhhinun fassent l’adhan l’un après l’autre tant que cela n’implique pas de sortir de la première heure de prière auquel cas cela deviendrait interdit. [Sauf pour le maghrib] car il est détesté de s’y succéder dans l’adhan du fait de son temps court. Si cela implique de sortir du premier temps, cela devient interdit. [Et] est permis [leur groupement] c’est-à-dire qu’ils fassent l’adhan d’une seule lancée dans un même temps que ce soit au maghrib ou non [chacun] d’entre eux faisant [son adhan] sans suivre un autre que lui-même sinon cela serait détesté » [5].

Wallahu a’lâ wa a’lam

وصلّى الله وسلّم على سيّدنا محمد وعلى آله


[1] Sahih al Bukhariy . Le hadith est assez long, nous n’en citons que la partie qui concerne notre sujet :كُنْتُ أُقْرِئُ رِجَالًا مِنْ الْمُهَاجِرِينَ مِنْهُمْ عَبْدُ الرَّحْمَنِ بْنُ عَوْفٍ ، فَبَيْنَمَا أَنَا فِي مَنْزِلِهِ بِمِنًى ، وَهُوَ عِنْدَ عُمَرَ بْنِ الْخَطَّابِ فِي آخِرِ حَجَّةٍ حَجَّهَا ، إِذْ رَجَعَ إِلَيَّ عَبْدُ الرَّحْمَنِ ، فَقَالَ لَوْ رَأَيْتَ رَجُلًا أَتَى أَمِيرَ الْمُؤْمِنِينَ الْيَوْمَ ، فَقَالَ يَا أَمِيرَ الْمُؤْمِنِينَ : هَلْ لَكَ فِي فُلَانٍ يَقُولُ : لَوْ قَدْ مَاتَ عُمَرُ ، لَقَدْ بَايَعْتُ فُلَانًا ، فَوَاللَّهِ مَا كَانَتْ بَيْعَةُ أَبِي بَكْرٍ إِلَّا فَلْتَةً فَتَمَّتْ ، فَغَضِبَ عُمَرُ ، ثُمَّ قَالَ : إِنِّي إِنْ شَاءَ اللَّهُ لَقَائِمٌ الْعَشِيَّةَ فِي النَّاسِ فَمُحَذِّرُهُمْ هَؤُلَاءِ الَّذِينَ يُرِيدُونَ أَنْ يَغْصِبُوهُمْ أُمُورَهُمْ ، قَالَ عَبْدُ الرَّحْمَنِ : فَقُلْتُ يَا أَمِيرَ الْمُؤْمِنِينَ : لَا تَفْعَلْ فَإِنَّ الْمَوْسِمَ يَجْمَعُ رَعَاعَ النَّاسِ وَغَوْغَاءَهُمْ ، فَإِنَّهُمْ هُمُ الَّذِينَ يَغْلِبُونَ عَلَى قُرْبِكَ حِينَ تَقُومُ فِي النَّاسِ ، وَأَنَا أَخْشَى أَنْ تَقُومَ فَتَقُولَ مَقَالَةً يُطَيِّرُهَا عَنْكَ كُلُّ مُطَيِّرٍ ، وَأَنْ لَا يَعُوهَا ، وَأَنْ لَا يَضَعُوهَا عَلَى مَوَاضِعِهَا ، فَأَمْهِلْ حَتَّى تَقْدَمَ الْمَدِينَةَ ، فَإِنَّهَا دَارُ الْهِجْرَةِ وَالسُّنَّةِ ، فَتَخْلُصَ بِأَهْلِ الْفِقْهِ ، وَأَشْرَافِ النَّاسِ ، فَتَقُولَ مَا قُلْتَ مُتَمَكِّنًا ، فَيَعِي أَهْلُ الْعِلْمِ مَقَالَتَكَ ، وَيَضَعُونَهَا عَلَى مَوَاضِعِهَا ، فَقَالَ عُمَرُ : أَمَا وَاللَّهِ إِنْ شَاءَ اللَّهُ لَأَقُومَنَّ بِذَلِكَ أَوَّلَ مَقَامٍ أَقُومُهُ بِالْمَدِينَةِ ، قَالَ ابْنُ عَبَّاسٍ : فَقَدِمْنَا الْمَدِينَةَ فِي عُقْبِ ذِي الْحَجَّةِ ، فَلَمَّا كَانَ يَوْمُ الْجُمُعَةِ ، عَجَّلْتُ الرَّوَاحَ حِينَ زَاغَتِ الشَّمْسُ ، حَتَّى أَجِدَ سَعِيدَ بْنَ زَيْدِ بْنِ عَمْرِو بْنِ نُفَيْلٍ جَالِسًا إِلَى رُكْنِ الْمِنْبَرِ ، فَجَلَسْتُ حَوْلَهُ تَمَسُّ رُكْبَتِي رُكْبَتَهُ ، فَلَمْ أَنْشَبْ أَنْ خَرَجَ عُمَرُ بْنُ الْخَطَّابِ ، فَلَمَّا رَأَيْتُهُ مُقْبِلًا ، قُلْتُ لِسَعِيدِ بْنِ زَيْدِ بْنِ عَمْرِو بْنِ نُفَيْلٍ : لَيَقُولَنَّ الْعَشِيَّةَ مَقَالَةً لَمْ يَقُلْهَا مُنْذُ اسْتُخْلِفَ ، فَأَنْكَرَ عَلَيَّ ، وَقَالَ : مَا عَسَيْتَ أَنْ يَقُولَ مَا لَمْ يَقُلْ قَبْلَهُ ، فَجَلَسَ عُمَرُ عَلَى الْمِنْبَرِ ، فَلَمَّا سَكَتَ الْمُؤَذِّنُونَ ، قَامَ فَأَثْنَى عَلَى اللَّهِ بِمَا هُوَ أَهْلُهُ
[2] Al Mudawwanah al kubrah
[3] Al Wadihah
[4] Il s’agit du Qadiy Sanad ibn ‘inan, un des grands mujtahid de l’école d’Egypte. Auteur du commentaire inachevé de la Mudawwanah, intitulé at Tiraz
[5] Minah al Jalil

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