Fondement
24 août 2016

Donner une fatwa hors du mashhur

بسم الله الرحمن الرحيم
الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Donner une fatwa hors du mashhur

Notre chaykh, le faqih, le qadiy Abu Salim Ibrahim ibn Qasim al ‘Uqbaniy fut interrogé sur les savants de cette époque et son opinion sur eux. Leur est-il permis de juger ou de donner une fatwa selon un avis faible et de délaisser l’avis mashhur ainsi que l’action commune dans l’école de Malik, qu’Allah lui fasse miséricorde ?

Il répondit : Louange à Allah comme il lui convient. Que la prière et le salut soient sur notre maître Muhammad, son prophète et serviteur.

Ensuite ! O toi qui interroge, qu’Allah nous guide ainsi que toi à la réponse à ta question et bonifie dans ce monde et dans l’au-delà ce qui est détérioré de notre état ! Sache, qu’Allah te garde et te préserve, que le savant, Burhan ad din Ibrahim al Madaniy al Malikiy, plus connu sous le nom de Ibn Farhun a dit, dans ce qui est rapporté de lui, ce qui répondra à la question. Il a dit : « est-il obligatoire au juge (qadiy) qui est muqalid, s’il trouve l’avis mashhur, de ne pas en sortir ? Il a été rapporté de al Maziriy qu’il avait atteint le degré de l’ijtihad et il n’a jamais donné une fatwa hors du mashhur alors qu’il a vécu quatre vingt trois ans. Et certes, il suffit comme exemple sur cette question ! Si le qadiy ne trouve pas l’avis mashhur entre deux relations ou deux positions, il ne doit pas suivre et juger selon ce qui lui plaît entre les deux positions sans examen pour donner l’avis préféré ( tarjih) ».

Ce qui est apparent de sa parole est qu’il est obligatoire au qadiy qui est muqalid, s’il trouve l’avis mashhur, de ne pas statuer par autre chose, qu’il soit habilité à l’examen pour le tarjih en en ayant la capacité ou non. Cependant, la fin de sa parole : « Si le juge ne trouve pas l’avis mashhur entre deux relations ou deux positions, il ne doit pas suivre et juger selon ce qui lui plaît entre les deux positions… », indique que son propos porte sur celui qui est habilité à l’examen (pour le tarjih d’un avis). On comprend cette parole dans le sens où il trouve le mashhur qu’un autre savant que lui a déclaré mashhur. Dans ce cas, soit celui qui a rendu l’avis mashhur est le mujtahid qui a extrait la règle de lui-même et il n’y a pas de doute qu’il faille le suivre dans cet avis déclaré mashhur comme il le suit dans la position en elle-même. Quand par contre le fait de rendre mashhur l’avis du mujtahid ne provient pas du mujtahid lui-même mais d’un de ses compagnons qui le suivent et rendent mashhur certaines de ses paroles qu’ils ont retenues de lui par leur force probante, est-il obligatoire à celui qui vient après et qui est muqalid, de suivre l’avis de celui qui l’a précédé dans l’examen et la recherche dans les paroles de l’imam que tous deux suivent dans sa position ? Ou bien, cette personne, si elle a la capacité de faire le tarjih dans les paroles de celui qu’il suit, est-elle au même niveau que celui qui l’a précédée dans le fait de rendre mashhur une des positions de ce mujtahid ? Le suivi de ce précédent ne lui est pas obligatoire si on prend en compte le fait qu’il ait fait le même examen des textes que cette personne et qu’il est possible qu’il fasse le tarjih d’un avis autre que celui qu’a préféré le précédent et il ne sera pas permis de le suivre en cela. En effet, la capacité d’arriver à une position avec certitude interdit de faire l’ijtihad. De même, la capacité à l’ijtihad interdit de faire le taqlid. Cette personne est capable de faire l’ijtihad pour le tarjih d’un avis de son imam, il ne doit donc suivre personne si ce n’est son imam dans cela.

Parmi ce qui est appréciable dans cette question se trouve aussi ce qu’a rappelé al Qarafiy dans kitab al ihkam fi tamyiz al fatawa ‘anil ahkam wa tasrifat al qadiy wal imam : « question vingt-deuxième : est-il obligatoire au qadiy de ne juger que selon l’avis rajih selon lui comme il est obligatoire au mujtahid de ne donner fatwa que selon l’avis qui lui est préférable ? Ou bien il devra juger selon une des deux positions même si celle-ci n’est pas la position qui lui est préférable ? Sa réponse est que le qadiy, s’il est mujtahid, il ne lui sera  permis de juger ou de donner fatwa que selon l’avis qui lui est préférable. S’il est muqalid, il lui est permis de donner fatwa selon le mashhur de son madhhab et de juger selon ce mashhur, même si cela n’est pas l’avis préférable pour lui. Il devra suivre dans la préférence la position appliquée par son imam qu’il suit dans la fatwa.

Quant au fait de suivre sa passion dans le jugement et la fatwa, cela est interdit par consensus. Certes, les savants ont divergé quand les preuves sont exposées au mujtahid et que les positions ont la même force probante et qu’il est incapable de faire le tarjih. Devra t-il délaisser les deux avis ou choisir l’un d’eux pour donner la fatwa? Les savants ont divergé en deux positions. Selon la position qu’il choisit un des deux avis pour donner fatwa, il devra choisir l’avis avec lequel il va juger sans pour autant que cet avis soit le plus probant pour lui car donner la fatwa est une prescription générale pour tous les gens responsables jusqu’à l’arrivée de l’heure. Le jugement dépend quant à lui d’événements particuliers. S’il est permis de choisir parmi les règles générales, cela est encore plus vrai pour les choses particulières. C’est ce qui est établi du fiqh ainsi que des fondements. C’est selon cette appréciation que l’on doit prendre le fait de juger selon le rajih et le fait de ne pas faire de tarjih n’est pas suivre la passion. Mais ceci ne tient lieu qu’après avoir fait l’effort d’ijtihad et s’être rendu compte de son impuissance à faire un tarjih devant l’égalité de la probation des deux avis. Quant au fait de juger selon une position à laquelle une autre a été préférée (marjuh), cela est contraire au consensus »

[…]

A cette même question, a répondu le faqih Abul ‘Abbas Sidi Ahmed ibn Zakariya : « Les textes des savants des fondements et des branches ont établi l’interdiction de donner fatwa ou de juger selon une position marjuh, aussi bien pour le muftiy que pour le qadiy. Il leur sera obligatoire de s’appuyer sur l’avis rajih. Si par contre le qadiy ou le muftiy fait partie des gens de l’ijtihad absolu ou limité, le fait de délaisser le rajih (pour lui) pour adopter l’avis marjuh (pour lui) est un suivi de la passion et est interdit à son endroit par consensus. Si par contre il fait partie des gens du taqlid comme c’est le cas pour l’immense majorité des gens de notre époque, il lui est obligatoire de suivre l’avis qu’ont préféré les gens du madhhab qui peuvent être suivis. Il ne lui est pas permis de délaisser cet avis pour prendre l’avis marjuh. Il s’égare en faisant son propre tarjih, il est obligatoire délaisser cet avis et d’agir selon ce que les savants ont préféré. Si on ne trouve aucun tarjih à ces avis après une recherche selon sa capacité ou, s’il trouve des textes qui sont d’égale force probante, le muftiy muqalid choisit ou opte pour un avis avec lequel il donnera la fatwa. Dans ce cas, il ne lui sera pas fait de reproche, sauf s’il ne s’est pas plongé longuement dans la recherche de l’avis rajih pour les imams. Il sera obligatoire au muqalid de suivre le tarjih sur un avis comme il lui est obligatoire de suivre l’avis tant qu’il n’est pas capable de faire le tarjih lui-même en examinant les preuves. A ce moment seulement, il lui sera permis de faire le tarjih d’un autre avis et de donner fatwa selon lui comme c’est le cas du mujtahid muqayyad. Son ijthihad constituera donc une position parmi les positions de l’école. Ceci est le résumé de ce qu’ont établi les imam du madhhab maliki et d’autres encore comme al Maziriy, al Qarafiy et ibn Salah. »

Miy’ar al Mu’rib ‘an fatawa ahlil Ifriqiyah wal Andalus wal Maghrib

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