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12 décembre 2015

Le musulman et les fêtes des non-musulmans

بسم الله الرحمن الرحيم
الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Le sujet que nous abordons dans cet article fait partie des choses qui sont devenues banales aux yeux des musulmans mais qui en réalité sont graves. Il est étonnant de voir comment les musulmans ont fini de croire normal de s’associer aux non-musulmans dans leurs fêtes caractéristiques. Or, si on examine les preuves ainsi que les positions unanimes des savants de ahlus sunnah, le caractère interdit d’une telle chose ne fait pas de doute.

« Evitez de vous associer aux ennemis d’Allah dans leurs fêtes »

Il n’y a pas de divergence entre les gens de la sunna sur l’interdiction pour le musulman de participe aux festivités rèligieuses des non-musulmans, à l’image de la Noël, de Pâques, du Nayruz… ainsi que le fait d’y échanger des vœux ou des cadeaux. A son arrivée à Madinah, le messager d’Allah ﷺ trouva que les gens prenaient deux jours comme fête. Il leur demanda à quoi ils correspondaient et ils dirent qu’il s’agissait de deux jours qu’ils honoraient dans la Jahiliyyah et dans lesquels ils avaient l’habitude de jouer. Le messager d’Allah ﷺ leur dit alors : « Allah vous les a changés pour deux jours meilleurs, le jour du sacrifice (al Adha) et le jour de la rupture (al Fitr) » [1].

Les deux jours qui sont mentionnés ici et qui étaient célébrés dans la Jahiliyyah ne sont autres que le Nayruz et le Mahrajan, deux fêtes héritées de la religion des persans. Le Nayruz correspond au nouvel an et le Mahrajan à l’équinoxe.

De ce hadith, on tire l’interdiction pour le musulman de célébrer les fêtes des mécréants ou d’y participer tout simplement. Il est rapporté que sayyiduna ‘Umar ibn al Khattab dit : « Evitez de vous associer aux ennemis d’Allah dans leurs fêtes » [2].

Le verset « ceux qui n’assistent pas au faux » [3] a été compris par certains comme faisant référence aux fêtes des non-musulmans. En effet, al Qurtubiy dit : « toute chose vaine est du faux et une occupation inutile. Et le pire de cela est l’association ainsi que le fait d’honorer les associés d’Allah. C’est pourquoi al Dahhak, ibn Zayd et ibn ‘Abbas (selon une riwayah selon ibn ‘Abbas) ont dit qu’il s’agissait des fêtes des associateurs » [4].

Abdullah ibn ‘Amru a dit : « celui construit son habitation dans le pays des non-musulmans (a’ajim), célèbre leur Nayruz ainsi que leur Mahrajan et les imite jusqu’à mourir, il sera rassemblé aussi avec eux au jour de la résurrection » [5].

Ainsi, il n’ y a point de divergence sur le fait de se dissocier des mécréants dans la célébration de leurs fêtes et l’interdiction de les congratuler ou de leur faire des cadeaux.

Al Ashhab [6] dit : « j’ai demandé à Malik : « vois-tu un mal à ce qu’on donne un cadeau à son voisin chrétien comme compensation d’un autre cadeau qu’il nous aurait fait (à l’occasion d’une fête) ? Il répondit : « Je n’aime pas cela alors qu’Allah a dit « O les croyants, ne prenez pas mes ennemis et les votres comme alliés, en leur offrant de l’amour ».

L’imam ibn Qasim [7] fut interrogé dans Mukhtasar al Wadihah [8] sur le fait de monter sur les navires qu’empruntent les chrétiens pour aller à leurs fêtes. Il dit : « je déteste cela, de peur que la Colère d’Allah ne descende sur eux à cause de leur réunion basée sur la mécréance ».

Ibn Maslamah a dit : « Ibn Qasim a détesté que le musulman offre un cadeau à un chrétien en compensation d’un autre cadeau. Il voyait en cela une manière d’honorer leur fête et de les aider à accomplir leur mécréance. Ne vois-tu pas qu’il n’est pas permis au musulman de vendre au chrétien une chose qui l’aiderait à accomplir sa fête, que ce soit de la viande, de la sauce, des habits ou de leur prêter un animal de trait ou de les aider dans quoi que ce soit ayant rapport avec leur religion ? En effet, cela serait honorer leur association à Allah et les aider à leur mécréance. Il convient donc que les gouverneurs interdisent aux musulmans de faire cela et ceci est la parole de Malik et de bien d’autres et je ne connais personne ayant divergé sur cela. » [9].

Dans Mi’yar al Mu’rib, le faqih Abu Asbagh ‘Isa ibn Muhammad al Tamiliy fut interrogé sur la nuit de Janvier correspondant au nouvel an chrétien que les musulmans préparaient comme s’il s’agissait d’une de leurs fêtes, se congratulaient, se faisaient des cadeaux en préparant des mets sortant de l’ordinaire, arrêtant de travailler pour honorer ce jour. Il fut interrogé pour savoir si cela était une innovation blâmable et si on pouvait répondre à une invitation en ce jour ou même convier des gens à manger au regard des hadiths disant « celui qui imite un peuple en fait partie » et « vous irez bientôt dans les pays des non-musulmans. Celui qui les imite dans leur Nayruz et leur Mahrajan sera rassemblé avec eux »

Il répondit : « j’ai lu ta lettre avec attention et je m’y suis penché. Tout ce qui a été décrit ici est interdit auprès des gens de science. Les hadiths que tu as cités sont des avertissements sévères en ce sens. Il a été rapporté de Yahya ibn Yahya al Laythiy [10] qu’il dit : « il n’est pas permis de recevoir des cadeaux au nouvel an chrétien, que ce soit d’un chrétien ou d’un musulman. De même, il ne sera pas permis de répondre à une invitation à cette occasion ou d’y préparer (une fête). Au contraire, on se comportera comme les autres jours. Un hadith est rapporté du messager d’Allah ﷺ qu’il a dit à ses compagnons : « vous irez bientôt dans les pays des non-musulmans. Celui qui les imite dans leur Nayruz et leur Mahrajan sera rassemblé avec eux ». Yahya dit aussi : « j’ai interrogé ibn Kinanah en l’informant de la situation dans notre pays. Il dénonça cela, blâma cette situation et dit : « la position que nous tenons est la détestation et c’est cela que j’ai entendu de l’imam Malik en référence à la parole du messager d’Allah ﷺ « celui qui imite un peuple sera rassemblé avec lui » [11].

Il est rapporté de l’imam Sahnun [12] : « Il n’est pas permis de recevoir des cadeaux à l’occasion de Noël ni du musulman, ni du chrétien et encore moins de répondre à une invitation ou de préparer cette fête. De même, il ne sera pas permis de leur louer son cheval pour la fête de Pentecôte. Quant à un autre jour, je n’y vois pas d’inconvénient. Il n’est pas permis non plus de préparer la Pentecôte, de choisir ce jour spécialement pour aller au hammam, ou baigner ses animaux ou encore de poser des bougies sous les arbres et autres préparatifs comme font les malheureux de cette communauté et leurs semblables. Tout cela en préparation de la nuit qu’ils appellent « al Hajuz » [13]. Le messager d’Allahﷺ a dit à ses compagnons un jour : « vous irez bientôt dans les pays des non-musulmans. Celui qui les imite dans leur Nayruz et leur Mahrajan sera rassemblé avec eux » . Le Nayruz n’est autre que le nouvel an et le Mahrajan la Pentecôte. [14] »

Ibn ‘Arafah [15] a dit, commentant les paroles de al Qabisiy [16] sur l’interdiction de recevoir les cadeaux des non-musulmans lors de leurs fêtes et de les y imiter : « il n’est pas permis aux musulmans d’accepter les cadeaux des chrétiens lors de leurs fêtes, de même que des juifs. Malheureusement, beaucoup des ignorants parmi les musulmans reçoivent ces cadeaux lors de leur fête de rupture du jeune » [17].

Certains savants appartenant aux autres écoles ont été plus stricts que les malikis. Ainsi, ibn Hajar al Makkiy dit : « En résumé, celui qui fait cela (s’habiller comme les non-musulmans, préparer des mets distinctifs…) devient mécréant s’il vise de les imiter dans les signes distinctifs de leur mécréance. S’il fait cela en adoptant les signes de leur fête sans les signes de leur mécréance, il commet un péché sans entrer dans la mécréance. Si par contre il ne vise pas de leur ressembler du tout et cela de premier abord, rien ne lui est reproché. J’ai entendu certains parmi les savants des dernières générations tenir le même discours en disant : « parmi les pires innovations se trouve le fait que les musulmans se joignent aux chrétiens dans leurs fêtes en les imitant dans leur nourriture ce jour, en leur donnant des cadeaux et en en recevant. Ceux qui sont les plus enclins à cela sont les égyptiens, alors que le messager d‘Allahﷺ a dit « quiconque imite un peuple en fait partie » [18].

Ibn Nujaym , commentant les paroles de an Nasafiy « donner pour le Nayruz et le Mahrjan n’est pas permis » a dit : « c’est-à-dire, donner un cadeau en l’honneur de ces deux jours n’est pas permis. Au contraire, il s’agit d’un acte de mécréance. Abu Hafs al Kabir a dit : « si un homme adorait Allah pendant cinquante ans et venait le jour du nouvel an donner un œuf à un des mécréants pour honorer ce jour, il aurait mécru et ses actions seraient devenues vaines » [19].

Parole laconique sur les excuses données à notre époque

Une nouvelle tendance dans notre religion est à déplorer. Le musulman, au lieu de reconnaître ses faiblesses, jette la faute sur la religion et l’accuse d’être archaïque, inadaptée et autres récriminations oiseuses. Donc, au lieu de reconnaître notre incapacité à suivre correctement les ordres d’Allah, on veut au contraire les changer. Ce qui a été toujours interdit devient dès lors licite sous le sacro-saint principe du contexte. Or, celui qui adopte cette démarche, en plus de se fermer les portes du repentir puisque son acte devient licite à ses yeux, risque des fois de sombrer encore plus bas en réfutant des choses connues obligatoirement de la religion.

Quelques arguments ont été soulevés pour permettre aux musulmans d’imiter les mécréants dans leurs fêtes. Or, ces arguments ne tiennent pas, passés au crible de la pensée critique.

L’argument principal serait que les musulmans vivent dans une époque inédite, où beaucoup de gens rentrent dans l’Islam en ayant des parents ou un entourage non-musulmans. Cet entourage serait une pression qui les inciterait à faire bonne figure et participer à ces festivités, malgré l’avis unanime de l'interdiction plusieurs fois séculaire. Or, rien n’est moins vrai. On oublie bien facilement qu’il se trouvait une époque où l’ensemble des musulmans, sans aucune exception, étaient tous des convertis ! C’était bien sûr l’époque des compagnons qui sont entrés dans l’Islam en ayant un entourage hostile. Pourtant jamais, jamais il n’a été mentionné qu’un seul de ces compagnons se soit associé avec les mécréants de la Mecque une fois qu’Allah leur avait fait cadeau de l’islam. Si on prétend que le contexte n’est pas le même, les musulmans de notre époque étant nombreux dans un environnement non-musulman… il serait très étonnant de voir à notre époque un environnement plus hostile que ne l’a été La Mecque aux premiers temps de l’Islam. Pourtant, jamais il n’a été rapporté d’un seul compagnon qu’il s’est donné l’excuse de cet environnement pour participer aux processions et autres manifestations de la religion des arabes.

Une autre argument est que le musulman doit donner une bonne image et adopter un bon comportement. Quel musulman peut prétendre avoir un meilleur comportement que les compagnons ? Ou même que les savants qui ont clairement interdit la participation aux fêtes des mécréants ? L’excuse du bon comportement ne peut en aucun cas cautionner le fait de déroger à des règles reconnues par tous les savants, d’autant plus si la dérogation à ces règles peut mener à la mécréance selon certains. Au contraire, le bon comportement est d’être ferme sur ses principes en respectant les convictions des autres. Il n’est en aucun cas dit que refuser poliment une invitation ou un cadeau puisse être le signe d’un mauvais comportement. Le musulman d’ailleurs prendra l’occasion pour expliquer l’Unicité d’Allah ainsi que l’éloignement du musulman de la consommation à outrance qui caractérise ces fêtes.

وصلي الله وسلم علي سيدنا محمد وعلي آله


[1] Rapporté par l’imam Ahmed, an Nasa’iy at Tirmidhiy et Abu Dawud :
، عَنْ أَنَسٍ , رَضِيَ اللَّهُ عَنْهُ ، قَالَ : قَدِمَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ الْمَدِينَةَ وَلَهُمْ يَوْمَانِ يَلْعَبُونَ فِيهِمَا ، فَقَالَ : " مَا هَذَانِ الْيَوْمَانِ ؟ " قَالُوا : كُنَّا نَلْعَبُ فِيهِمَا فِي الْجَاهِلِيَّةِ ، فَقَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ : " إِنَّ اللَّهَ تَعَالَى قَدْ أَبْدَلَكُمْ يَوْمَيْنِ خَيْرًا مِنْهُمَا : يَوْمَ الْأَضْحَى وَيَوْمَ الْفِطْرِ
[2] Rapporté par al Bukhariy dans al tarikh. Al Bayhaqi rapporte la même parole avec un rajout : « évitez les ennemis d’Allah, les juifs et les chrétiens, le jour de leurs fêtes… »
اجْتَنِبُوا أَعْدَاءَ اللهِ الْيَهُودَ وَالنَّصَارَى فِي عِيدِهِمْ يَوْمَ جَمْعِهِمْ، فَإِنَّ السَّخَطُ يَنْزِلُ عَلَيْهِمْ فَأَخْشَى أَنْ يُصِيبَكُمْ وَلَا تَعْلَمُوا بِطَانَتَهُمْ فَتَخَلَّقُوا بِخُلُقِهِمْ
[3] Sourate al furqan, v 72
[4] Tafsir al Qurtubiy
[5] Rapporté par al Bayhaqiy dans as sunan al kubra
[6] Il s’agit de Ashhab ibn ‘abdil ‘Aziz (140-204 ), un des grands élèves de l’imam Malik. Il entendit de Layth ibn Sa’d et s’installa en Egypte où il eut la charge de muftiy. Ash Shafi’iy dit : » l’Egypte n’a produit personne connaissant le fiqh mieux que Ashhab ». Certains parmi les mujtahid de l’école l’ont placé devant ibn al Qasim.
[7] Abdu Rahman ibn al Qasim (128-191) naquit en Egypte, le plus grand des élèves de l’imam Malik et celui qui a rapporté son fiqh. Il avait atteint le degré de l’ijtihad et à ce titre, est la deuxième autorité de l’école derrière l’imam Malik. Il était un faqih et un ascète. Il dicta la Mudawwanah où son recueillies les réponses les plus fiables de l’imam Malik. Il devint muftiy en Egypte et y ets enterré.
[8] Un résumé d’al Wadihah, une des umahat du madhhab. Ecrit par ibn Aslamah
[9] Mukhtasar al Wadihah, cité dans al Madkhal
[10] Yahya ibn Yayha ibn Kathiral Laythi, un des élèves tardifs de l’imam Malik. Il est célèbre surtout pour avoir rapporté la version de Muwatta’ la plus répandue et la plus usitée. On lui doit exclusivement l’expansion de l’école malikite en Andalousie. Dont il evint le juge et le muftiy. Il naquit en 152 et mourut 243.
[11] Mi’yar al mu’rib
[12] De son vrai nom ‘Abdus Salam ibn Sa’id al Tanukhiy, le faqih de l’Afrique du nord (160- 240). Il fut juge de Qayrawan et répandit l'éc’le malikite dans le Maghrib. On lui doit la mudawwanah qu’il rédigea sous la dictée de Ibn al Qasim.
[13] Nous n’avons pas trouvé à quoi correspond cette fête
[14] Mi’yar al mu’rib
[15] Muhammad ibn Muhamamd ibn al ‘Arafah al Waghrammi ( 716-803), mujtahid de l’actuelle Tunisie. Un des grands fuqaha de l’école, connu pour son orthodoxie.
[16] ‘Ali ibn Muhammad al Qabisiy (324-403). Il fut un des grands fuqaha’ de Qayrawan et un mujtahid de l’école
[17] Al mi’yar al mu’rib
[18] Fatawa al kubra al fiqhiyyah
[19] Al bahr al ra’iq

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