Le commandeur des musulmans [1] interrogea le juge Abul Walid ibn Rushd, le faqih, le qadi perspicace -qu’Allah augmente son exactitude et son intelligence et le guide vers le chemin du bien- à propos de Abil Hassan al Ash’ariy, Abi Ishaq al Isfarayiniy, Abi Bakr al Baqilaniy, Abi Bakr ibn Fawrak, Abil Ma’âliy et Abi Walid al Bajiy et de leurs opinions, eux qui ont établi la science du Kalam, ont parlé des fondements de la religion, se sont échinés à réfuter les gens de la passion, sont-ils des imams de la guidée et sur le droit chemin ou plutôt des chefs de l’ineptie et de l’égarement ? Que dis-tu des gens qui les insultent, dégradent leur rang, insultent quiconque prend de la science des ash’aris, les traitent de mécréants, se désolidarisent d’eux, leur nient la proximité d’Allah, pensent qu’ils sont dans l’égarement et enracinés dans l’ignorance ? Que faut-il leur répondre, comment faut-il les traiter et penser d’eux ? Faut-il les laisser sur leurs passions ou faut-il les obliger à cesser leurs exagérations ? Ce comportement constitue t-il une atteinte à leur foi et à leur croyance ? Peut-on toujours prier derrière eux ? Explique nous donc le degré des imams qu’on a mentionnés ainsi que leur place dans la religion. Eclaire-nous de manière complète et explicite sur le cas de celui qui leur porte atteinte et s’éloigne d’eux et sur le cas de celui qui les supporte et les aime, s’il plaît à Allah.
Le Qadi Ibn Rushd répondit : J’ai lu ta question -qu’Allah nous préserve ainsi que toi- et je m’y suis penché.
Ceux là que tu as nommés sont parmi les imams et savants du bien et de la guidée, ceux qu’il est obligatoire de suivre parce qu’ils se sont levés pour défendre la religion et mettre à terre les équivoques des gens de la déviance et de l’égarement. Ils ont clarifié les problématiques qu’ils ont soulevées et éclairci ce qui était obligatoire de croire en matière de religion. Du fait de leur connaissance des fondements de la religion, les savants ont attestés de la véracité de leur science en Allah, de ce qui lui est obligatoire, possible et impossible. De fait, on ne peut connaître les branches qu’après avoir maîtrisé les fondements. Il est donc obligatoire de reconnaître leurs mérites et d’affirmer leur position de maîtres. Il s’agit de ceux dont le messager d'Allâh ﷺ dit à leur propos : « Porteront cette science à chaque génération des gens de confiance. Ils en chasseront la falsification des extrémistes, l’ajout des menteurs et l’interprétation des ignorants » [2]. Ne pense donc qu’ils sont dans l’égarement et l’ignorance que l’idiot ignorant lui-même ou un innovateur déviant de la vérité et déjanté. Et ne les insulte ou ne leur attribue une caractéristique contraire à ce qu’ils méritent si ce n’est un pervers. Allah a dit « Ceux qui portent préjudice aux croyants et croyantes sans raison se chargent d’une calomnie et d’un péché évident » [3]. Il est donc obligatoire qu’on détrompe l’ignorant à leur propos, que l’on corrige le pervers. Quant à l’innovateur déviant de la vérité, il lui sera demandé de se repentir si son innovation est légère. S’il se repent... sinon, il sera battu jusqu’à ce qu’il se repente comme l’a fait ‘Umar ibn al Khattab avec Subaygh, qui avait été averti d’être battu à propos de sa croyance jusqu’à ce qu’il dise « O commandeur des croyants, si tu voulais me soigner, j’ai atteint l’endroit où se trouve le médicament ! Et si tu veux me tuer, laisse moi me préparer » [4]. Il le laissa alors.
Nous demandons à Allah la protection ainsi que le succès par sa Miséricorde, ainsi a parlé Muhammad ibn Rushd.
[1] Il s’agit de Abul Hassan ‘Ali ibn Yusuf ibn Tashfin, l’imam des Murabitun. Il fut élevé par son père dans l’amour de la science et la compagnie des savants. Il succéda à son père à la tête du Maghreb et de l’Andalousie et mourut en 537.
[2] Rapporté par al Bayhaqiy dans as sunan al kubra :
قال رسول الله - صلى الله عليه وسلم : يحمل هذا العلم من كل خلف عدوله ، ينفون عنه تحريف الغالين ، وانتحال المبطلين ، وتأويل الجاهلين
[3] Sourate 33 Verset 58
[4] Rapporté par Ad Darimi avec différentes chaines dans ses sunan :
عن نافع مولى عبد الله أن صبيغا العراقي جعل يسأل عن أشياء من القرآن في أجناد المسلمين حتى قدم مصر فبعث به عمرو بن العاص إلى عمر بن الخطاب فلما أتاه الرسول بالكتاب فقرأه فقال أين الرجل قال في الرحل قال عمر أبصر أيكون ذهب فتصيبك منه العقوبة الموجعة فأتاه به فقال عمر تسأل محدثة وأرسل عمر إلى رطائب من جريد فضربه بها حتى ترك ظهره دبرة ثم تركه حتى برأ ثم عاد له ثم تركه حتى برأ فدعا به ليعود له قال فقال صبيغ إن كنت تريد قتلي فاقتلني قتلا جميلا وإن كنت تريد أن تداويني فقد والله برأت فأذن له إلى أرضه وكتب إلى أبي موسى الأشعري أن لا يجالسه أحد من المسلمين فاشتد ذلك على الرجل فكتب أبو موسى إلى عمر أن قد حسنت توبته فكتب عمر أن ائذن للناس بمجالسته