Il fut demandé au chaykh ‘Abdul Karim al Sarghiniy : « Qu’est ce qui est préférable dans la prière sur le prophèteﷺ, le fait de se limiter à ce qui a été rapporté ou bien le fait de rajouter le mot « maître » (sayyid) ? Et si l’ajout est préférable, est ce que celui qui le pratique sera récompensé ou bien la récompense est exclusive pour celui qui s’arrête à la relation (du hadith) ?
Il répondit, en résumé qu’il était préférable de s’en tenir à la relation du hadith ; que cela tenait au fait que le prophèteﷺ n’avait pas rajouté le terme sayyid quand les sahaba lui demandèrent comment prier sur lui ; que les sahaba se sont limités à cela ; et que la récompense ne parvenait qu’à celui qui se limitait aux termes du hadith sans rajouter le terme sayyid ; que si cela avait été recommandé, nous en aurions été informés et qu’il valait mieux sortir de la divergence sur cette question en se limitant au terme du hadith.
Le chaykh Mahdiy al Wazzaniy répondit, réfutant cette fatwa : « Je dis : A Allah nous demandons la protection ! La parole du prophèteﷺ en répondant à la question des sahaba, en disant : « dîtes… » [1] n’implique pas qu’on ne puisse accomplir ce commandement que par cette forme. En effet, la réponse à une question précise n’interdit pas qu’il y ait une autre réponse possible, comme cela est confirmé dans la science des fondements du fiqh. C’est pour cela que les savants de l’Islam, dans leurs premiers écrits, ont utilisé des formules qui renseignent sur sa grandeur pour suivre son exemple et ils ne sont pas limités aux formules rapportées de lui uniquement. Ceci est très connu dans les livres de hadiths et bien d ‘autres. Cette tendance a été confirmée dans l’introduction de Jam’ al Jawami’. L’imam connaissant, notre maître ‘Abdus salam ibn Mashish a utilisé une prière différente des relations de hadith. Cela renseigne sur l’accomplissement de l’ordre donné par ces prières et aussi sur leur science que l’ordre était exécuté par toute ce qui indique la considération et la grandeur. Le fait que les sahaba se soient limités aux formules rapportées de lui n’interdit pas d’user d’autres. Ils ont plutôt visé par cela le fait d’agir selon ce qu’ils avaient entendu de luiﷺ. Le moyen par lequel on accomplit un objectif n’interdit pas d’user d’un autre comme cela est connu dans la science des fondements.
Quant à la parole de an Nawawiy et Zarruq : « prier sur luiﷺavec ce qui a été rapporté est préférable » ne signifie pas que rajouter le terme sayyid est interdit, vu qu’ils ne l’ont pas précisé. Le sens de leur parole est que la prière sur luiﷺ en utilisant les formules rapportées de lui est préférable qu’avec d’autres formules et plus sain. Il n’y a point de doute cependant que celui qui utilise les mots rapportés de lui et y ajoutant le terme sayyid en cherchant à se conformer à la Parole d’Allah : « Ne faîtes pas de l’appel du messager entre vous comme votre appel entre vous » [2], ou bien en adoptant le comportement adopté dans Sa Parole : « O toi le prophète » et « O toi le messager ».
Il est dit dans al shifa’ : « le sens du premier verset est qu’il est obligatoire que son appelﷺ soit différent de l’appel des gens entre eux. C’est pour cela qu’a opté l’imam Abul Muzaffar al Isfarayiniy ainsi que nos chuyukh. C’est cela qu’a dit aussi Abu ‘Umar ibn ‘Abdil Barr ».
La preuve que faire montre de convenance (adab) doit être mis en avant en ce qui le concerneﷺ est son approbation du meilleur de cette communauté-après son prophète-, Abu Bakr as siddiq, radiya Allah ‘anhu, quand il dit : « le fils de Abu Quhafah n’a point à être devant le messager d’Allahﷺ» en réponse à sa parole ﷺ: « O Abu Bakr, qu’est ce qui t’empêche de rester quand je te l’ordonne ? » [3].
Sa parole : « la récompense n’est donnée qu’à celui qui prie sur lui par une prière rapportée » est une parole interdite. La récompense est liée à l’exaltation de sa grandeur et de sa considération et cela, avec tout ce qui peut y amener. Il n’a été rapporté le caractère cultuel de certaines formules que dans le livre d’Allah. C’est pour cela qu’a été ellipsé le complément du verbe car il s’agit d’un ordre général exprimé dans sa paroleﷺ: « quiconque prie sur moi une prière, Allah prie sur lui dix fois pour cela » [4]. Les chaînes de ce hadith sont multiples avec ce sens et plusieurs formulations. Dans aucune, il n’a été rapporté que la récompense était limitée uniquement à une formule relatée dans le hadith. Cette question n’est pas de celles qui font l’objet d’une détermination légale dont l’obtention des fruits est liée à un nombre déterminé comme la zakat al fitr ou les baqiyat as salihat. En effet, la détermination de la mesure de ceux-là est affirmée par une parole claire et non comme une réponse à une question donnée.
Certes, ce qui a été rapporté comme prière sur lui et sa famille après le ‘asr du jour de jumu’ah ainsi que ce qui rapporté comme compensation, comme nous l’expliquerons plus loin, est un mensonge inventé.
Sa parole : « si cela avait été recommandé, il nous l’aurait expliqué car il s’agit de législation… ». Le coran l’a affirmé, et le prophèteﷺ l’a confirmé et cela suffit comme explication.
Quant à sa parole : « ce qu’a rapporté al Hattab d’eux s’accorde… » non, plutôt, cela ne s’accorde pas ! En effet, al Ubbiy est de ceux qui ont déclaré le caractère admirable de l’ajout du mot sayyid et il a dit : « La formulation utilisée de sayyid ou de mawla dans la prière sur le prophèteﷺ est une bonne chose si ce n’est plus. Ce qui le supporte est la parole authentique rapportée de lui : « je suis le sayyid des enfants de Adam ». Ibn ‘Abdis salam a demandé à ce que l’on châtie une personne qui avait dit : « on ne le dira pas (le mot sayyid) dans la prière. Si on la dit, la prière est invalide ». Cette personne se cacha jusqu’à ce qu’on intercédât pour lui. »
Cela amène à réfléchir. Est ce qu’il y a une différence entre ce gueux et celui qui a dit qu’il n’y aura pas de récompense pour celui qui rajoute ce qui n’est pas rapporté dans le hadith ? Ce qu’il apparaît est que dire cela n’est pas fondé. Al Burzuliy a dit sur celui qui appelait à cela : « Il est le plus ignorant des ignorants ». L’auteur d’al Qamus a préféré le délaisser dans la prière tout en demandant de le dire hors d’elle. Al Hattab a dit : « Ce qu’il m’apparaît, et que je fais dans et hors de la prière, est de dire le terme sayyid et Allah est plus savant ».
Sa parole : « il n’a pas été rapporté le terme sayyid dans la chaîne… ». Cela est réfuté par ce qu’a rapporté ‘Iyad dans al shifa’, textuellement : « Ibn Mas’ud disait : « quand vous priez sur le prophèteﷺ faîtes vos meilleurs prières sur lui. Vous ne savez pas si elles ne lui seront pas présentées. Dîtes : O Allah, envoie ta prière, ta miséricorde et ta bénédiction sur le maître (sayyid) des envoyés, l'imam des pieux, le sceau des prophètes, Muhammad, ton serviteur et messager, l'imam vers le bien, le conducteur vers le bien, le messager de la miséricorde. Allah, ressuscite-le à la station de louange que lui jalouseront les premiers et les derniers » [5].
La preuve des bienfaits cités est comprise dans le terme sayyid qu’il a rajouté à cette version.
[…]
Sa parole : « celui qui se limite au terme du hadith, en délaissant l’ajout, sort ainsi de la divergence… ». Vouloir sortir de la divergence est une chose acceptée par tous. Mais comment serait-il possible dans ce cas d’en sortir en se limitant à l’une seule des opinions divergentes sans prendre en compte la position qui préfère les convenances à la relation du hadith ? On ne peut arriver à sortir de la divergence qu’en ramenant les deux positions, l’une contraire et l’autre conforme. C’est-à-dire, en faisant deux prières sur le prophèteﷺ l’une avec le terme sayyid et l’autre en le délaissant.
Il en résulte que ces deux voies sont toutes deux louables et que celui qui les emprunte est récompensé. A chacun, Allah a réservé un bien. Ce que je dis et que je fais dans la prière rituelle et en dehors est de mettre en avant les convenances, en suivant en cela le coran majestueux, en adoptant son comportement et en prenant comme modèle Abu Bakr, radiya Allah ‘anhu et Allah demeure le plus Savant.
Il a dit aussi : « Quand j’ai écrit cela, après un temps, j’ai trouvé la même chose dans le qawa’id du chaykh Zarruq ainsi que dans al Qamus ». Les gens ont divergé sur l’ajout du mot sayyid ainsi que sur la manière de prière sur luiﷺ. Ce qui obligatoire est de se limiter à la formulation quand on vise l’aspect cultuel et qu’on la rajoute quand on vise sa magnificence.
J’ai trouvé un texte du connaissant d’Allah Sidi ‘Abdu Rahman ibn Muhammad al Fasiy dans sa hashiyah sur dala’il al khayrat, après qu’il ait choisi de mettre en avant les convenances et en l’appuyant sur l’interdiction de sayyidina ‘Ali, karamma Allahu wajhah, contenant ceci : « As Suyutiy a été interrogé sur le hadith : « ne précédez pas mon nom de sayyid dans la prière ». Il répondit que ce hadith n’était pas authentique ». Il dit : « Il n’a pas prononcé le terme de sayyid par détestation de la gloriole. C’est pour cela qu’il a dit : « je suis le sayyid des fils d’Adam et cela sans orgueil ». Il est obligatoire pour nous de le grandir et de le considérer. C’est pour cela qu’Allah a interdit qu’on l’appelle par son prénom comme l’on s’appelle en général entre personnes » Fin de citation.
La louange est à Allah. Ce qu’a indiqué le savant savantissime et qui a été cité dans sa partie importante est que la convenance est de dire sayyid. Tout ce qui montre la haute considération est excellent et pour preuve, les écrits des imams devanciers et tardifs. Nul besoin donc de les rapporter. Quiconque fait le tasyid dans la prière ou hors d’elle sera récompensé. En effet, le sens de ce qui est appréciable dans la législation est ce qui récompensé. C’est vérité vraie, sans aucun doute. C’est aussi la preuve de l’amour complet, qu’Allah nous fasse de ses gens.
Comment donc de pas faire le tasyid alors qu’il est la source de la miséricorde, le berceau de l’existence et le pôle du cercleﷺ ? Allah lui a montré de la considération dans son livre majestueux, une considération sans limite qui est confirmée par le fait qu’Il ne l’appelle pas dans le coran par son prénom. Tout cela, par considération pour lui. Le confirme aussi la parole du véridique ainsi que celle de sayyidina ‘Aliy, radiya Allahu ‘anhuma. L’imam al Hattab a préféré dire le terme sayyid dans l’absolu, même si le fait de se tenir à la relation est une voie possible.
Qu’Allah nous fasse de ceux qui aiment le prophète ﷺ ainsi que vous-mêmes.
Extrait de al nawazil al jadidah al kubra, connu sous le nom de al mi’yar al jadid li jami’ al mu’rib du chaykh Mahdi al Wazzaniy al Fasiy
[1] En référence au hadith rapporté dans les deux sahihs : « O messager d’Allah, on nous a enseigné comment te saluer, mais comment prier sur toi ? ». Le prophète ‘alayhis salatu was salam leur enseigna alors la salat al ibrahimiyyah, selon ses différentes versions.
[2] Sourate an nur, v 63
لَا تَجْعَلُوا دُعَاء الرَّسُولِ بَيْنَكُمْ كَدُعَاء بَعْضِكُم بَعْضاً
[3] En référence au hadith où il est relaté que sayyiduna Abu Bakr, ayant commencé la prière comme imam, se retira pour laisser sa place au prophète ‘alayhis salatu was salam, malgré que ce dernier lui ait demandé de rester. Rapporté par al Bukhariy, les auteurs des sunan et Malik
عن سهل بن سعد الساعدي أن رسول الله صلى الله عليه وسلم ذهب إلى بني عمرو بن عوف ليصلح بينهم فحانت الصلاة فجاء المؤذن إلى أبي بكر فقال أتصلي للناس فأقيم قال نعم فصلى أبو بكر فجاء رسول الله صلى الله عليه وسلم والناس في الصلاة فتخلص حتى وقف في الصف فصفق الناس وكان أبو بكر لا يلتفت في صلاته فلما أكثر الناس التصفيق التفت فرأى رسول الله صلى الله عليه وسلم فأشار إليه رسول الله صلى الله عليه وسلم أن امكث مكانك فرفع أبو بكر رضي الله عنه يديه فحمد الله على ما أمره به رسول الله صلى الله عليه وسلم من ذلك ثم استأخر أبو بكر حتى استوى في الصف وتقدم رسول الله صلى الله عليه وسلم فصلى فلما انصرف قال يا أبا بكر ما منعك أن تثبت إذ أمرتك فقال أبو بكر ما كان لابن أبي قحافة أن يصلي بين يدي رسول الله صلى الله عليه وسلم فقال رسول الله صلى الله عليه وسلم ما لي رأيتكم أكثرتم التصفيق من رابه شيء في صلاته فليسبح فإنه إذا سبح التفت إليه وإنما التصفيق للنساء
[4] Rapporté par Ahmed et an Nasa’iy
عَنْ أَنَسِ بْنِ مَالِكٍ قَالَ : قَالَ رَسُولُ اللَّهِ صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ : " مَنْ صَلَّى عَلَيَّ صَلاةً وَاحِدَةً صَلَّى اللَّهُ عَلَيْهِ عَشْرًا
[5] Rapporté par Ibn Majah avec un chaîne hassan
إذا صليتم على رسول الله صلى الله عليه وسلم فأحسنوا الصلاة عليه فإنكم لا تدرون لعل ذلك يعرض عليه قال فقالوا له فعلمنا قال قولوا اللهم اجعل صلاتك ورحمتك وبركاتك على سيد المرسلين وإمام المتقين وخاتم النبيين محمد عبدك ورسولك إمام الخير وقائد الخير ورسول الرحمة